Notes de lecture
Il y a quelque temps, un ami connaissant mes origines rurales et ma passion pour l’histoire locale, m’a conseillé cet ouvrage.
Mon parcours dans le Saint-Joseph au 19ème siècle, à la recherche de la petite histoire, celle qui fait les destins et enracine les valeurs à travers les générations souffre du manque de sources. Les gens de labeur qui constituaient l’essentiel de la population à cette époque avaient peu de goût pour la lecture et l’écriture, et si d’aventure certains en avaient l’envie secrète, elle était vite asséchée manque de terreau social favorable.
Le travail de Zola est donc particulièrement bienvenu, tant l’analyse psychologique et sociale est brillante, vraisemblable même.
RÉSUMÉ selon Wikipedia
« L’action se situe à Rognes (Romilly-sur-Aigre), village de la Beauce. Le héros du roman est Jean Macquart, fils d’Antoine Macquart et de Joséphine Gavaudan, l’un des rares membres de la branche Macquart indemne de toute tare. Il apparaît déjà dans La Fortune des Rougon, où il apprend le métier de menuisier. Après avoir quitté Plassans, sa ville natale, il est tiré au sort en 1852 et participe aux campagnes militaires du Second Empire. Blessé en Italie, il reprend son métier de menuisier puis s’embauche comme ouvrier agricole à Rognes, où il reste pendant dix ans. Jean Macquart sera ensuite le héros de La Débâcle et on le retrouve encore dans le dernier roman du cycle, Le Docteur Pascal.
L’histoire, particulièrement atroce, se déroule au sein de la famille Fouan. Le vieux Louis Fouan, dit le père Fouan, décide à l’âge de 70 ans de partager ses biens entre ses trois enfants : Hyacinthe, dit Jésus-Christ, Fanny, mariée, et Buteau, à charge pour eux de l’héberger, de le nourrir et de lui donner deux cents francs de rente chacun.
Ils s’acquittent très mal de leur tâche, notamment Buteau, qui le dépossède peu à peu de sa maigre fortune. Buteau a deux cousines, les sœurs Mouche. Il a fait un enfant à la première, Lise, qu’il a épousée trois ans plus tard lorsqu’elle est devenue une riche héritière. Quant à la seconde, Françoise, il la poursuit de ses avances avec tant d’insistance qu’elle se rapproche de Jean Macquart et finit par l’épouser. Ce mariage inquiète beaucoup Buteau et Lise, qui redoutent de voir une partie de l’héritage familial passer dans d’autres mains. Lorsqu’ils apprennent que Françoise est enceinte, ils décident de la faire avorter : Buteau viole Françoise avec l’aide de Lise, puis celle-ci pousse sa sœur sur une faux. Grièvement blessée, Françoise meurt. Le père Fouan, qui a assisté à la scène, est ensuite brûlé par les deux meurtriers, alors qu’il dormait chez eux. Quant à Jean Macquart, redevenu aussi pauvre qu’à son arrivée au village, et après hésitations, renonçant aux poursuites contre les Buteau, il quitte Rognes et s’engage à nouveau dans l’armée. »
Toujours selon Wikipedia :
La Terre est un roman d’Émile Zola publié en 1887, le quinzième volume de la série des Rougon-Macquart.
« Sans doute l’un des plus choquants, Zola y dresse en effet un portrait féroce du monde paysan de la fin du XIXe siècle, âpre au gain, dévoré d’une passion pour la terre qui peut aller jusqu’au crime. Tout l’ouvrage est empreint d’une bestialité propre à choquer les lecteurs de l’époque, les accouplements d’animaux alternant avec ceux des humains, eux-mêmes marqués par une grande précocité et par une brutalité allant fréquemment jusqu’au viol. Dès sa parution, La Terre a soulevé de violentes controverses, illustrées notamment par le Manifeste des cinq, article publié dans le Figaro par cinq jeunes romanciers qui conseillaient à Zola de consulter le docteur Charcot pour soigner ses obsessions morbides. »
Selon Zola, ces gens de la terre, pourtant dans une région fertile ou à cause de cela, apparaissent donc dans ce roman comme asservis à la terre dans une routine des saisons, comme des brutes, guidées uniquement par la possession de cette terre, l’argent, l’avarice, une violence omniprésente. Pas de place pour les sentiments, l’amour éphémère ou le sexe dérive rapidement en combat bestial ; les actions sont guidées par l’intérêt ou l’animalité. Seul Jean, le héros de Zola semble doté d’humanité mais il est vaincu par ce monde sans pitié.
Si les femmes et les hommes sont décrits de manière caricaturale, ce qui lui a été beaucoup reproché, les paysages et la nature ne manquent pas de poésie.
« Le jour avait grandi, un vent glacé poussait dans le ciel pâle des vols continus de gros nuages : et la Beauce, flagellée, s’étendait, d’une tristesse morne » 1ère partie, III
« Le ciel, un peu couvert le matin, s’était éclairci, et le jour s’achevait dans une tiédeur et une limpidité heureuses » 2ème partie, VI.
« Le grand soleil d’août montait dès cinq heures à l’horizon, et la Beauce déroulait ses blés murs, sous le ciel de flamme. Depuis les dernières averses de l’été, la nappe verte, toujours grandissante, avait peu à peu jauni. C’était maintenant une mer blonde, incendiée, qui semblait refléter le flamboiement de l’air, une mer roulant sa houle de feu, au moindre souffle. » 3ème partie, IV.
Au 19ème siècle, Saint-Joseph ne faisait pas exception à la règle, les métiers étaient exercés à titre indépendant, agriculteur, charron, forgeron, tonnelier, boulanger, boucher, tailleur… Chacun devait lutter pour sa survie dans une interdépendance modératrice, mais sans Sécurité Sociale et avec l’angoisse du lendemain face à l’accident, la maladie, les mauvaises récoltes. D’autres, guerre mieux lotis, étaient « placés » chez des cultivateurs ou des artisans comme valets ou gens de maison souvent très jeunes.
Angoisses apaisées par la religion catholique très vivante à Saint-Joseph, approfondie et entretenue par de nombreuses Missions, dont le rôle de régulation sociale est fondamental, encourageant la solidarité.
On ne retrouve pas cela dans la Terre, dans ce village de Rognes qui désespère les abbés et où tout se monnaie.