A la rencontre des historiens de Saint-Joseph

Suivant en cela le chemin de ma pensée et celui de ce voyage, après avoir traversé le Bozançon, j’arrive à Saint-Joseph, bien déterminé à en découvrir les acteurs.

La vallée du Bozançon vue de la Roussilière, commune de Saint-Maurice-sur-Dargoire

Le nom, Déplaude, est rare (93153ème nom le plus porté en France selon filae.com), ce qui en accroit le mystère. Certains croient y voir une origine noble. Le « de Plaude » n’est jamais très loin mais elle est sans fondement, on l’a vu,  On peut y voir aussi une vraie fragilité, une lignée rare à protéger…  Plus pragmatiquement, cette rareté suggère aussi qu’il est plus facile de remonter à sa source, une « facilité » encourageante devant le monde vaste et muet de nos ancêtres.

Cette curiosité patronymique est très circonscrite à Saint-Joseph depuis les temps les plus anciens. Un sondage sur la base de données de Généanet a confirmé l’implantation locale de ce nom, comme s’il avait surgi là. Cet enracinement  peut paraître surprenant car les migrations étaient courantes dans d’autres zones géographiques. Nous trouverons des explications dans le contexte économique des Coteaux du Gier.

Ce territoire est proche de la vallée du Gier, gagnée progressivement à partir du 18ème siècle par une industrie avide d‘énergie. Elle a nécessité une main d’œuvre croissante, en témoigne l’évolution rapide de la population dans la vallée. Celle  de Rive de Gier est passée de 1 600/1 700 âmes à la fin du 16ème siècle à 3 226 en 1786, à la veille du 19ème siècle, pour atteindre 11 549 en 1841 et 15 517 en 1911, à la veille de la première guerre mondiale (source Wikipédia et Archives départementales de la Loire). Ainsi la population du chef-lieu de canton a été multiplié par cinq au cours du 19ème siècle. Il en était probablement de même pour toute la vallée industrialisée et urbanisée en continu jusqu’à Saint-Chamond L’augmentation phénoménale de la population et du nombre de bouches à nourrir a ainsi été très favorable à l’agriculture des coteaux.

C’est donc animé d’une certaine curiosité que me suis mis en quête de contacts locaux pour poursuivre mes investigations.

Poursuivi par cette idée, et stimulé par le fait que l’histoire familiale côté paternel s’est passée en totalité ici, j’ai voulu en savoir davantage sur Saint-Joseph. Pour cela j’ai pris contact avec Henri D, demeurant à Bissieux, ancien agriculteur et cousin éloigné. Henri est un homme attachant, avisé, prudent et intègre. Il a été longtemps le président de l’association de la chapelle de Chagneux construite en 1889. Il m’a gentiment prêté beaucoup d’actes notariés dont une grande partie reste à exploiter.

La chapelle de Chagneux commune de Saint-Joseph

Il m’a donné aussi un contact qui s’est révélé très précieux pour la suite en la personne de Jean C, dit Jean-Claude pour le distinguer d’un homonyme, toujours de Saint-Joseph. Cette commune est connue pour sa mine d’or dont la notoriété va très au-delà de la quantité d’or qui en a véritablement extraite, mais la véritable mine d’or est chez Jean tant il a rassemblé des documents sur sa famille, la vie sociale et le patrimoine local mis en valeur dans de nombreux albums de photos thématiques qui seront présentés ici ultérieurement.

C’est avec lui mais aussi avec Joseph C, ancien instituteur et autre historien local, que j’ai découvert l’ampleur de la vie sociale et citoyenne de ce village. C’est au 19ème siècle en effet que les habitants de Saint Joseph, territoire rural de la commune de Saint-Martin-la-Plaine, ont décidé de se doter d’une église, d’un presbytère, d’une école de garçons puis d’une école de filles. Toujours avec ce même élan religieux, ils ont fait construire la chapelle de Chagneux qui domine magnifiquement le village par le Nord. Sur cette lancée, citoyenne cette fois, ils ont voulu devenir une commune autonome, ce qui fut effectif en 1867.  Cette aventure trouve son origine dans une belle histoire sur laquelle je reviendrai. Je m’attarderai aussi sur la société de la batteuse créée en 1858, une innovation remarquable pour l’époque

Le bourg de Saint-Joseph, vu de la chapelle de Chagneux

Ensuite, de fil en aiguille, j’ai été amené à rencontrer Maurice Bonnand, natif de Saint-Joseph dont la famille est implantée là depuis que la trace en a été repérée dans les premiers registres paroissiaux. Il a été directeur de la Maison Familiale rurale de Tartaras et maire de sa commune pendant plusieurs mandats. Sa famille a eu le cœur et sans doute la fierté de s’intéresser à l’histoire familiale et locale et de laisser des traces écrites. C’est le cas aussi de Pierre Coron, un ancêtre de Jean Coron. Maurice s’est donné pour ambition de publier une histoire de Saint-Joseph qui sera présentée dans ce blog le moment venu.

Enfin, au hasard d’un parcours sur un réseau social, j’ai découvert le blog d’Henri Bonnand http://www.saintjoseph42.fr/ , un cousin de Maurice, comme je l’ai appris plus tard. Il fait le tour de beaucoup de sujets historiques locaux depuis les origines connues et notamment des évènements fondateurs de la commune au 19ème siècle. A noter la publication des écrits d’un de ses ancêtres, Jean-Claude Bonnand (1821-1896), un agriculteur qui a tenu un journal de 1837 à 1890.

Avant de plonger dans le 19ème siècle j’évoquerai les faits anciens qui ont laissé des traces jusqu’à aujourd’hui sur les paysages et sans doute l’organisation sociale.

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